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20/01/2010

Sainte-Lucie

Parce que, là, tout de suite, j'ai envie de me transporter là-bas...

Jade Mountain Resort à Sainte-Lucie

 

Jade.jpg

 

 

16:49 Publié dans Dans tous les sens | Commentaires (0)

12/01/2010

Dernière vague

En ce mois de janvier, la musique et le cinéma s’endeuillent jour après jour. Après Lhasa et Mano Solo qui rejoignent Bashung, c’est Eric Rohmer qui tire sa révérence. Parce qu’Irène aurait sans doute pris sa plume pour conter ce réalisateur qu’elle affectionnait, je le fais par héritage. Même si mes souvenirs de visionnages sont un peu lointains, je me suis laissée aller aux réminiscences de Ma nuit chez Maud, L'ami de mon amie, La femme de l'aviateur, et les contes des 4 saisons... Deux articles très étoffés m’ont permis d'écrire ce post, celui de Alexandre Prouvèze pour Evene.fr et l’autre de Jacques Mandelbaum pour Le Monde.

***

C'est dans le tumulte créatif de la Nouvelle Vague qu'émerge, à la fin des années 1950, l'élégante figure d'Eric Rohmer. Mais à côté du génie turbulent d'un Godard, des coups d'éclat d'un Truffaut, Rohmer préfère les demi-teintes, jouant l'épure, le raffinement sobre, la transparence et le dépouillement de la mise en scène, servie par des acteurs confirmés (Jean-Claude Brialy, André Dussollier), mais plus souvent débutants (Fabrice Luchini, Pascal Greggory). "Je ne dis pas, je montre", revendiquait-il. La tenue des dialogues, l'attention portée aux lieux, à la nature, son étude aiguë de l'instabilité des passions humaines, conspirent ici à l'élaboration d'un style unique qui porte l'aveuglement sentimental, la sophistique du désir comme le miracle de la vraie rencontre à leur plus haut degré d'incertitude et de charme. Les corps à l'image disent en silence la multiplicité contradictoire des désirs, ce après quoi la parole court infiniment. La temporalité très particulière de ses films permet d'entrevoir dans ce qu'ils ont de plus réel, cru, sans artifice flatteur.

rohmer.jpgPlutôt qu'avant-gardiste, Rohmer est un moderne qui refuse de jeter les classiques avec l'eau du bain, surfant sur l'océan culturel du passé. Par le cinéma, cet ancien prof de lettres fera office de passeur, parce que la "conservation du passé garantit la possibilité de l'art moderne". Organisant de bout en bout son oeuvre en cycles, Rohmer reconnaît d'ailleurs procéder à la manière d'un romancier, ou d'un nouvelliste, inscrivant presque systématiquement chacun de ses films au sein d'un plus large recueil. Par les variations que la série autorise autour d'un même thème, c’est une démarche d'auteur qui permet au spectateur de déceler la pérennité dans le changement, et vice versa.

Ainsi, aux 'Contes moraux' des années 1960 (parmi lesquels 'Ma nuit chez Maud' ou 'L'Amour l'après-midi') succèdent 'Comédies et proverbes' ('Pauline à la plage', 'Le Rayon vert'...), inspirés de citations de Musset, La Fontaine ou Rimbaud. Suivront les 'Contes des quatre saisons' au cours des années 1990, et un ensemble de 'Drames historiques' que clôt son dernier film, 'Les Amours d'Astrée et Céladon' (d'après Honoré d'Urfé), en 2007.

rohmer5.jpgScrutateur des passions de l'âme, de leur exaltation à leurs évanouissements inattendus, le cinéaste nous laisse ses films comme autant de précieuses variations sur la quête d'un bonheur qui se cherche hors des convenances et ne se trouve jamais où on l'attend, le tout avec un humour délicat et une classe folle.

Au fond, Eric Rohmer, c'est ainsi une invitation à se laisser prendre par le rythme objectif de ce que la caméra enregistre... une contemplation brute et directe du monde, la jouissance effrénée de la liberté ainsi conquise. Dans ce cinéma de la prose, parfois bavard, la poésie fait alors irruption d'elle-même, naturellement. Il n'y a qu'à voir. Cette prolifique carrière apparaît alors comme le fruit d'un curieux mélange entre deux principes antagonistes : la sagesse et la folie. J'ai envie de revoir ces films qui ont accompagné mon adolescence.