28/02/2010
Le Maroc en un tour de main
« Nulle part, je n’ai vu de paysages plus riants, nulle part un tel air de prospérité, nulle part une terre aussi généreuse et des habitants si laborieux. Tout ici est de l’ordre du sacré : les gestes, les saluts, la plainte et l’ardeur des visages, ces admirables vêtements qui, dans les villes, le long des routes, au sommet de l’Atlas et jusqu’aux confins des sables, sont une des permanentes beauté du paysage marocain. » (Charles de Foucault)
Civilisation très ancienne, le Maroc est un pays kaléidoscope. Une terre à la complexité inouïe où, durant des siècles, populations, cultures, arts de vivre et traditions religieuses se sont mêlés pour créer la plus fascinante des alchimies. Véritable Far-West africain, ce pays surprend et fascine par son infinie variété de paysages, ses multiples richesses et sa nature à la fois âpre et généreuse. Pays de Montagnes avec 3 immenses chaînes atlasiques, de Mer et d’Océan avec ses côtes et villes maritimes, de Désert avec d’immenses hamadas caillouteuses et des étendues de sable ornées d’oasis.
Mer, montagne et au-delà du désert …
L’histoire du Maroc naîtra de ces trois mondes.
La principale richesse du pays tient à sa population, à la chaleur de son accueil et au génie de ses artisans, garants d’un authentique patrimoine culturel, qui ont su tirer parti à merveille des ressources infinies de cette contrée envoûtante. Le pays possède une forte identité culturelle grâce au savoir de ces créateurs.
L’histoire contée d’une fascinante symbiose entre l’homme et la matière ; une quête patiente de la beauté par des hommes qui conjuguent savoir, sensibilité, imagination et créativité dans une dimension artistique.
Découvrir le Maroc, c'est aller à la rencontre d'un pays qui nous raconte ses hommes, répétant jour après jour les gestes transmis par la tradition, attentifs à ne pas sacrifier l’authenticité à la modernité, la créativité au passéisme.
Artisans du corps, artisans du goût, artisans des jardins, artisans du geste, dévoué au cuir, au bois, au fer... les marocains s'expriment par la main.
19:27 Publié dans La main | Commentaires (0) | Tags : maroc, artisans, charles de foucault
27/02/2010
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"Le sauvage vit en lui-même ; l'homme sociable toujours hors de lui ne sait vivre que dans l'opinion des autres"
Jean-Jacques Rousseau, Extrait de Discours sur les sciences et les arts
19:03 Publié dans Essentiel | Commentaires (0) | Tags : jean-jacques rousseau
17/02/2010
Le refuge
Dimanche de Saint-Valentin. A l’heure où chacun déjeune, direction Le Refuge de François Ozon. J’étais restée figée devant l’affiche du film, où la délicieuse Isabelle Carré souligne son ventre arrondi de ses mains. J’avais ressenti la même émotion teintée d’un peu de gêne en découvrant Romane Bohringer, nue et enceinte, sur l’affiche du Bal des Actrices. Comme si la maternité était quelque chose de trop intime pour être montré mais de trop magique pour être caché.
Acte 1 : Mousse et Louis sont trouvés inanimés dans un appartement. Overdose à l’héroïne, Louis ne se réveillera pas. A l’hôpital, le médecin apprend à Mousse qu'elle est enceinte. Elle se retrouve seule face à son addiction, la mort de son amant, le rejet de sa belle famille et sa grossesse. De la femme et de la personne qui abritent cette vie, personne n’en a rien à faire. Mousse est désormais seule.
Acte 2 : On retrouve Mousse et son ventre généreux dans une maison de la côte basque. Bien que moins lumineuse, elle semble plus sereine malgré le vide autour d’elle. Le bébé à venir comme palliatif à l’absence de Louis, la métadone comme substitut à l'héroïne et la visite de Paul, le frère du disparu. Ce dernier compense à travers la jeune femme un passé de frère et de fils mal aimé, il vibre au contact de ce ventre et de cette grossesse que son homosexualité ne peut lui offrir.
Acte 3 : Mousse est à la maternité, sa petite Louise vient de naître et Paul arrive un bouquet à la main. Mais peut-on se sentir mère lorsqu’on se sent à peine femme ? Peut-on être mère sans la présence du père (le prénom de la petite fille illustrant son absence) ? Le film pose véritablement la question de la filiation.
Dans ce film, c’est une même histoire de fantôme que dans Sous le sable, des interrogations sur l’homosexualité qui fait le lien avec Une robe d’été, des questionnements sur la mort comme dans Le temps qui reste, sur l’âme humaine (5x2) ou sur le mystère (Swimming Pool).
Fidèle à ses aspirations un peu tortueuses et ses penchants voyeuristes, Ozon construit son Refuge autour de sa fascination pour le corps mais qu'il adoucit par une mise en scène sensorielle et sobre. C’est un film à la limite de la contemplation, sans sophistication, comme pour souligner avec pudeur les différents thèmes qui lui sont chers. Le refuge est une histoire de mort, de vie, d’absence, de courage ou de lâcheté, un voyage émotionnel à la retenue intense qui lui donne une vibration toute particulière. On s’attarde sur les visages et les corps, silencieusement, dans une lumière qui passe du soleil aveuglant à la pénombre de la maison, qui s’attache à l’horizon et aux paysages autant qu’aux grains de peau et aux visages. Ce choix de réalisation et l’attention infaillible portée aux personnages contrastent avec la violence de l’histoire de Mousse. Ozon nous transporte dans un récit qui s’évapore sous les rayons du soleil. Dès le début, le refuge est sans retour. Une violence perceptible mais toujours diffuse au sein de sentiments qui gagnent en pureté parce qu’ils vont à l’essentiel. Isabelle Carré, magnifique, Louis-Ronan Choisy, avec ce petit quelque chose de pas assez incarné comme les figures masculines de Rohmer mais qui épouse le film autant que le ventre. Il en compose et interprète la musique, mélancolique et entêtante, non pas sans rappeler les mots de Gainsbourg et le timbre de Benjamin Biolay.
La force de ce film, c’est ce ventre. Ozon scrute la grossesse comme rarement (ou jamais ?) cela n’a été fait. D'un bout à l'autre, nous sommes face à Mousse et à son ventre, qui fait écran, qui existe,qui interpelle les autres, qui fait obstacle à la sexualité. Le fait de choisir une actrice réellement enceinte permet non seulement de donner une place toute particulière à ce ventre, sublimé sous tous les angles et qui s’invite, même lorsqu’il n’est pas filmé, à travers le visage émouvant, fatigué et gonflé d’Isabelle Carré. Alors, on est forcément happé par son histoire, ses préoccupations, ses angoisses, on porte avec elle ce bébé, cette vie qui a tenté de lui échapper et on en ressort encore plus ému, interloqué par la beauté de cette femme enceinte, état pourtant familier, mais qu’Ozon arrive à transformer en une vision un peu étrange voire dérangeante. Dommage que le scénario manque de surprise et que le film soit autant linéaire. Le malaise que j’ai ressenti aurait gagné encore plus en intensité si les choses n’avaient pas été autant démontrées.
Le soir je me suis endormie avec des images de mer et de lumière plein la tête.
16:14 Publié dans Les yeux | Commentaires (0) | Tags : le refuge, françois ozon, louis-ronan choisy, isabelle carré, grossesse