03/01/2010
Vent d'Anges
Sur la partie septentrionale de la vallée du Rhône, d’Ampuis à Chavanay, en passant par Condrieu, le fleuve a creusé dans la roche des falaises vertigineuses de granit qui accueillent des vignes prestigieuses, plantées grâce au prodige de l’homme souvent à plus de 50 degrés de pente. Grâce à un long labeur de culture en terrasses méditerranéennes, le spectacle est une succession de nombreux chemins rocailleux et étroits qui épousent les courbes de niveau du sol et dessinent un labyrinthe continuellement baigné par le soleil qui hâte la maturité des raisins.
Le viognier, raisin sensuel et capricieux, a trouvé à Condrieu sa patrie d’élection. Il donne un vin blanc fin de grande qualité, complexe et très parfumé.
Sa robe est très brillante et scintille comme l’or pâle avec quelques reflets verts. Dans un verre, la fraîcheur gracile vous saisit. En bouche, il séduit par son velours. Ses notes florales amandées rappellent les pétales d'acacia légèrement miellés et rivalisent avec celles plus délicates de la violette. Elles s’accompagnent d'accents fruités d'abricot sec doré au soleil. 3 nuances si caractéristiques de ce vin à la texture intense et à la matière généreuse, qui laissent derrière elles la timide pêche blanche et la juteuse poire. L’ensemble se pare de touches musquées, d’épices douces et de tabac blond lorsqu'il arrive à pleine maturité.
Le Condrieu est un parfait équilibre entre ampleur et douceur, sensation grasse et extrême finesse, entêtement et évanescence. Il est comme les 5 lettres du mot SUAVE... concis mais onctueux, un envoutement à fleur de fruit, un nectar. D’une rare précocité dans le plaisir, le Condrieu se déguste dans le charme de sa jeunesse, souvent avant 3 / 5 ans au risque qu’il perdre sa fraîcheur aromatique et que son bouquet ne commence à faner.
C’est à Condrieu même que j'ai rencontré Yves et Mathilde Gangloff, qui ont vinifié leur premier Côte Rôtie en 1987, un an avant leur premier Condrieu. En 2007, alors que je suis sur le point de quitter mes fonctions dans la parfumerie, Mathilde m'informe de son désir de lancer une gamme de savon sous la marque Vent d'Anges, dont elle s'occupe avec son amie Sylvie. Jusqu'alors, elles recyclent des objets de la vigne pour en faire du mobilier et exposent lors de manifestations viticoles. Je suis enchantée par le projet et captivée par leur envie débordante de mener à bien leur rêve. Après un passage obligé par les caves pour une dégustation mémorable de magnifiques cuvées, nous nous mettons au travail, les unes pour mettre au point la formule du savon et moi, pour le parfumage, essayant de coller au plus près des arômes identifiés. De cette (modeste) collaboration vont naître 3 savons inspirés des cépages Syrah et Viognier, ainsi qu’un exfoliant intégrant des pépins de raisins fraîchement moulus.
10:55 Publié dans La bouche | Commentaires (0)
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