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11/01/2010

Chapeau Bas

Trois géants marchent à l’abri de leur propre ombre, foulent la terre et mouchent leurs mots sous leur chapeau. Et ces trois géants là, je les hommage.

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Il a la dignité et le panache des plus grands, il possède un maniement des mots qui n’appartient qu’à lui mais qui s’évaporent comme une poésie à la Ferré. Enigmatique, hypnotique… la facilité pourrait m’emporter à le résumer en quelques adjectifs mais Bashung est tout le contraire, une improbabilité sans limite qui nous perd dans la complexité de son labyrinthe dont on ne trouve jamais la sortie. On suit pourtant la corde de son timbre qui se tresse comme une liane sauvage mais il invente le chemin à chaque fois, tant pis s’il nous perd, il s’en fout, il joue l’inattendu, l’incongru. Le jour où je l’aimerai moins, le jour où je ne l’aimerai plus… n’existe pas.

De sa voix éraillée, Mano nous livre son combat, peu importe l’issue, seul le combat est sa vie. La grandeur de sa souffrance, c’est de l’exprimer et de devenir ainsi le compagnon fidèle de nos propres moments sombres, avoués ou restés muets. Le désespoir lui va comme un gant, les notes d’optimisme de ses albums récents sonnent presque faux. Mano n’est pas la sérénité. Il nous invective, nous provoque, nous insulte et pourtant on reste là, on plonge dans sa générosité, on partage le souffle libre d’un voyage sur la planète monde, on révolutionne autant qu’on évolutionne. Il est de ces destins qui doivent s’accomplir dans l’obscurité parce que n’importe quelle couleur mélangée à du noir, reste sombre. Mano qui tire sa révérence et nous laisse en Solo.

Allain Leprest, c’est cette voix rocailleuse qui résonne comme la sourde détonation de la mer déchaînée sur les rochers de l’enfer de Plogoff. Allain Leprest, c’est l’envergure d’un albatros dans le ciel de la chanson française, volant trop haut pour que son voyage n’atteigne le grand public mais touchant un public fidèle par son élégance grandiose. Ses textes sentent les fumées de fin de nuit, les corps échauffés après l’amour, les chemins égarés plein de poussière et d’alcool, les larmes versées sur des bonheurs évanescents. Telle une éponge à double face, il gratte sa malle à souvenirs, éponge la sueur qui perle de son front. Sans artifice, il se plante nu devant nous pour partager la condition humaine, pour raconter l’âme inhumaine. Allain Leprest a soif… soif de tout. Et moi j’attends sur un petit bout de papier que mon nom en liste d’attente me permette d’aller le revoir sur la scène du Rancy.


« Est-ce la main de Dieu
Et celle du malin
Qui, un jour, s'unissant,
Ont croisé nos chemins ?
Est-ce l'un, est-ce l'autre ?
Vraiment, je ne sais pas
Mais pour cet amour-là
Merci, et chapeau bas ! »

Barbara

Tu ne viendras plus nous voir

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Il la chantait, il lui hurlait dessus, il la domptait…

La mort a finalement pris Mano Solo à l’âge de 46 ans. Amoureux de Paris, révolté, enragé, engagé, c’est le poing levé qu’il terminait tous ses concerts.

Ciao l’artiste, tu resteras vivant tant que nous écouterons ta voix dans notre monde à la con.

 

 

10:21 Publié dans Les oreilles | Commentaires (1) | Tags : mano solo

04/01/2010

Les voyages en train

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J'crois que les histoires d'amour c'est comme les voyages en train,
Et quand je vois tous ces voyageurs parfois j'aimerais en être un,
Pourquoi tu crois que tant de gens attendent sur le quai de la gare,
Pourquoi tu crois qu'on flippe autant d'arriver en retard.

Les trains démarrent souvent au moment où l'on s'y attend le moins,
Et l'histoire d'amour t'emporte sous l'oeil impuissant des témoins,
Les témoins c'est tes potes qui te disent au revoir sur le quai,
Ils regardent le train s'éloigner avec un sourire inquiet,

Toi aussi tu leur fais signe et tu imagines leurs commentaires,
Certains pensent que tu te plantes et que t'as pas les pieds sur terre,
Chacun y va de son pronostic sur la durée du voyage,
Pour la plupart le train va dérailler dès le premier orage.

Le grand amour change forcément ton comportement,
Dès le premier jour, faut bien choisir ton compartiment,
Siège, couloir ou contre la vitre, il faut trouver la bonne place,
Tu choisis quoi, une love story de première ou d'seconde classe?

Dans les premiers kilomètres, tu n'as d'yeux que pour son visage,
Tu calcules pas derrière la fenêtre, le défilé des paysages,
Tu te sens vivant, tu te sens léger, tu ne vois pas passer l'heure,
T'es tellement bien que t'as presque envie d'embrasser le contrôleur.

Mais la magie ne dure qu'un temps et ton histoire bât de l'aile,
Toi tu te dis que tu n'y es pour rien et que c'est sa faute à elle,
Le ronronnement du train te saoule et chaque virage t'écoeure,
Faut que tu te lèves, que tu marches, tu vas te dégourdir le coeur.

Et le train ralentit et c'est déjà la fin de ton histoire,
En plus t'es comme un con, tes potes sont restés à l'autre gare,
Tu dis au revoir à celle que tu appelleras désormais ton ex,
Dans son agenda, sur ton nom, elle va passer un coup de tipex.

C'est vrai que les histoires d'amour, c'est comme les voyages en train,
Et quand je vois tous ces voyageurs parfois j'aimerais en être un,
Pourquoi tu crois que tant de gens attendent sur le quai de la gare,
Pourquoi tu crois qu'on flippe autant d'arriver en retard.

Pour beaucoup la vie se résume à essayer de monter dans le train,
A connaitre ce qu'est l'amour et se découvrir plein d'entrain,
Pour beaucoup l'objectif est d'arriver à la bonne heure,
Pour réussir son voyage et avoir accès au bonheur.

Il est facile de prendre un train encore faut-il prendre le bon,
Moi je suis monté dans deux trois rames mais c'était pas le bon wagon,
Car les trains sont capricieux et certains sont inaccessibles,
Et je ne crois pas tout le temps qu'avec la SNCF c'est possible.

Il y a ceux pour qui les trains sont toujours en grèves,
Et leurs histoires d'amour n'existent que dans leurs rêves,
Et y'a ceux qui foncent dans le premier train sans faire attention,
Mais forcément ils descendront dessus à la prochaine station.

Y'a celles qui flippent de s'engager parce qu'elles sont trop émotives,
Pour elles c'est trop risqué de s'accrocher à la locomotive,
Et y'a les aventuriers qui enchainent voyages sur voyages,
Dès qu'une histoire est terminée ils attaquent une autre page.

Moi après mon seul vrai voyage j'ai souffert pendant des mois,
On s'est quitté d'un commun accord mais elle était plus d'accord que moi,
Depuis je traine sur les quais je regarde les trains au départ,
Y'a des portes qui s'ouvrent mais dans une gare je me sens à part.

Il parait que les voyages en train finissent mal en général,
Si pour toi c'est le cas accroche toi et garde le moral,
Car une chose est certaine y'aura toujours un terminus,
Maintenant tu es prévenu la prochaine fois tu prendras le bus.

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Les Voyages En Train - GRAND CORPS MALADE - De l'album Midi 20 (2006)

 

11:47 Publié dans Les oreilles | Commentaires (0) | Tags : grand corps malade, train