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26/12/2009

Figure absente

Irène, rien que le prénom est déjà une invitation à la poésie, à l’hommage.

Lorsqu’elle s’annonçait, c’est sa longue silhouette qui la devançait, ses yeux noirs de myopes qui vous cherchaient dans le brouillard, sa voix profonde et baroque qui vous transportait comme une cantate de Barbara.

Son souvenir évoque les allers-retours entre la cuisine et la salle-à-manger, les bras chargés de l’amitié d’une soupe à l’oignon, de la convivialité d’un plateau de fromage et de la générosité d’un plat de lasagnes dont elle avait le secret. Les discussions animées n’avaient de limite que dans le lever du jour, les chansons résonnaient dans la nuit, les danses, les odeurs de tabac, les saveurs… Elle n’était jamais là à moitié, elle s’accomplissait sans demi- mesure à ses gestes d’amitié, se livrait de toutes ses forces avec des mots justes et choisis mais qu’elle seule avait le don de parer d’une robe romanesque.

Elle avait une curiosité de tout, une disposition d’esprit qui la poussait dans les situations et les activités où se rencontrent l’humain (le théâtre, le cinéma, l’enseignement), où se forment et s’échangent les convictions. Irène, si présente et tellement rêveuse, si palpable et pourtant éphémère… Selon son expression de s’accrocher à l’espoir de « voir les 4 saisons une dernière fois », elle nous a donné l’expression la plus singulière de son courage, de sa volonté sans faille. Elle se réjouissait du moindre signe de rémission, le partageait dans un enthousiasme débordant alors qu’elle taisait les moments douloureux, puisant en elle les ressources lui permettant de vivre jusqu’à la dernière seconde sans jamais se plaindre, protégeant ainsi les gens qu’elle aimait de son sort. Irène, c’était l’appétit de la vie, l’humeur enjouée, le labyrinthe des émotions, l’élégance de l’esprit, la maîtrise de sa destinée, le rêve en marche, l’amour comme un don… Il y a aussi le souvenir de sa maison rose, suspendue sur une colline au dessus du Rhône qui lui permettait de rêver près des oiseaux et de s’endormir avec les lumières couchantes du Pilat, parce que la nature était son refuge apaisant.

Lorsque l’on ouvre le livre de notre vie, c’est l’héritage d’Amour qui demeure, qui permet de palier son absence et de se débarrasser des contours qui ne sont pas l’essence d’une personne. Même si son départ précoce est très injuste, maman est un personnage vivant au-delà de l’absence.

 

Tôt ou tard s’en aller

Partir ailleurs et recommencer

Sans trop s’attarder sur le passé

S’efforcer de ne pas oublier

Mais tôt ou tard laisser la clé

12:54 Publié dans La pensée | Commentaires (3)

Commentaires

quel bel hommage , c"est très beau très émouvant, tu as un don pour l"écriture , merci de nous avoir fait partager ces souvenirs c"est vrai qu"on garde le souvenir de son sourire
bises

Écrit par : françoise | 26/12/2009

en plus de ma cousine qui me voulait partout présente sur les photos de son mariage, elle a eu la lourde charge d'être mon professeur de français, en toi je retrouve ses dons pour la langue, l'écriture, la culture, la musique. Ton hommage est maginfique !

Écrit par : marie claire | 26/12/2009

C'est un texte très beau et très émouvant

Écrit par : pyq | 27/12/2009

Les commentaires sont fermés.