Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

25/01/2010

I'm the master of my fate, I'm the captain of my soul

Je suis fan de Clint Eatswood et à cela, il n’y a rien à rajouter. Ce que j’aime dans son cinéma, c’est qu’il se positionne toujours à la frontière entre l’intime et l’ouverture, les valeurs individuelles et universelles, la difficulté de l’homme à faire coïncider son quotidien et sa destinée. Et ce qui fonctionne dans son cinéma, c’est qu’il l’incarne sans pudeur; il s’attache à analyser tous les recoins de la nature humaine et à décortiquer une palette de travers, la perversion, la corruption, la perfidie... C’est en puisant une force au plus profond de leurs entrailles que ses héros arrivent toujours à triompher des faiblesses et injustices qui les entourent, Million Dollar baby étant pour moi l'un des meilleurs exemples et l’un de ses plus beaux films. Clint Eastwood, c’est l’apprentissage de la vie mais dans la douleur et la remise en cause.

C’est sans doute pour toutes ces raisons que je lui pardonne quelques erreurs de parcours. Quand Mister Eastwood sort un film, c’est l’évènement et qui se risquerait à écorner le travail de ce monstre sacré ? Ok, mais entre Sur la route de Madison, Un monde parfait, Mystic River ou encore Gran Torino, et L’échange ou le dernier Invictus, je ne pense pas que l’on ait à faire au même réalisateur, se perdant, dans les deux derniers cas, dans un classicisme et un consensus qui font dresser les poils.
Même si je ne m’attendais pas à un grand film, je suis finalement allée voir Invictus parce que traiter de l’Afrique du Sud et du Rugby ne pouvait pas donner un résultat mauvais. Et c’est le cas, c’est un film qui se regarde. Oui, mais c’est un film de Clint Eastwood et je ne retrouve ni sa patte ni son âme.

invictus.jpegInvictus est truffé de clichés (les opprimés contre les oppresseurs, le rugby des blancs contre le foot des noirs), Invictus est englué de bons sentiments, Invictus se noie dans le consensus, Invictus est trop maîtrisé, tout autant d’excès qui enlèvent à ce film son âme et dont Eastwood n’est pas le capitaine. D’ailleurs, Morgan Freeman en producteur, c’est un peu se demander si ce film n’est pas un petit cadeau que ce sont rendus deux amis, l’un souhaitant incarner Mandela et tenter la course aux oscars, l’autre voulant s’attirer les honneurs d’un (plus) large public sans prendre de risque… Pendant tout le film, on sent Eastwood en retrait, comme s’il n’était pas aux commandes de son œuvre. Ce n’est pas dans le tout cuit qu’il réussit le mieux.

Invictus est également à côté de la plaque d’un point de vue rythme parce qu’il n’y en a pas vraiment. J’ai mis 30 minutes à entrer dans la course et les scènes de rugby ne sauvent rien, elles s’étirent comme le reste du film, se répètent ; Eastwood martèle le sujet comme pour mieux le faire passer (faute à un scénario assez léger), comme s’il n’était pas accessible à tous alors que c’est sans doute le plus simple qu’il n’ait jamais traité.

Quand on connait à l’avance la fin du film, on attend d’être surpris et chavirés, que Clint nous embarque comme il sait si bien le faire dans les méandres de l’humain. Ici, tout est maîtrisé, l’émotion, le mouvement, les postures… tout est trop propre, trop attendu… au bout d’un moment, ça ne passe plus et le parti pris d’une image aux couleurs à peine appuyées, comme une poussière de savane africaine, nous laisse un peu à l’extérieur de ce qui se joue derrière l’écran. Même les grands mouvements de caméra ou le bruitage viril et musclé lors du match de finale ne parviennent pas vraiment à nous faire vivre les choses de l’intérieur.

Finalement dans la salle, ça fonctionne ; les spectateurs applaudissent au générique (ils me gâchent le plaisir de la musique qui, même aussi mièvre que le film, a su flatter mes oreilles), je n’en reviens pas ! Eastwood, dans la répétition basique du message portant la réunification du peuple sud-africain, nous prend un peu pour des têtes creuses mais personne ne lui en veut.
Oui, mais l’union fait la force, ça on ne peut pas lui l’enlever !!

16:17 Publié dans Les yeux | Commentaires (0) | Tags : clint eatswood, invictus

Les commentaires sont fermés.