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26/12/2009

Le sable et l'écume

Epoustouflant Brésil

Le Brésil est bien plus qu'une destination de voyage, c'est la découverte de paysages grandioses, d'une population en mouvement perpétuel, animée par les rythmes de la samba ou les contorsions magnifiques de la capoeira, d'un contraste saisissant où l'architecture la plus moderne côtoie les favelas semblant à l'abandon et pourtant surpeuplées.

Pendant plus de trois semaines, je me suis laissée surbmerger par les paysages désertiques et sauvages du Nordeste. La nature se déploie, surprend et reprend tous ses droits. Le moindre tronc d'arbre échoué sur le sable annonce presque l'arrivée imminente d'un explorateur revenant de sa course lointaine et périlleuse. Comme une courbe féminine, les dunes géantes, immaculées, aux reflets argentés se déforment sous la lumière changeante du soleil couchant et enferment en leur sein des lagunes émeraudes. La campagne aride emprisonnée de mer et de falaises, étendues caillouteuses où aucune route ne survit, plages qui rivalisent avec l'horizon, mangrove tortueuse... C'est la démesure, l'archaïque...

Ce sont des émotions qui se situent au-delà de la perception et qui nous invitent à méditer sur notre place, le temps qui passe et le devoir de préserver cette splendeur qui nous entoure (photos personnelles).

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"Ils me disent dans leur éveil : Toi et le monde dans lequel tu vis n'êtes qu'un grain de sable sur le rivage infini d'une mer infinie. Et dans mon rêve je leur réponds : je suis la mer infinie, et tous les mondes ne sont que des grains de sable sur mon rivage "
Khalil Gibran, Le sable et l'écume

 

 

 

 

14:47 Publié dans Les yeux | Commentaires (0) | Tags : bresil, khalil gibran, rivage

Figure absente

Irène, rien que le prénom est déjà une invitation à la poésie, à l’hommage.

Lorsqu’elle s’annonçait, c’est sa longue silhouette qui la devançait, ses yeux noirs de myopes qui vous cherchaient dans le brouillard, sa voix profonde et baroque qui vous transportait comme une cantate de Barbara.

Son souvenir évoque les allers-retours entre la cuisine et la salle-à-manger, les bras chargés de l’amitié d’une soupe à l’oignon, de la convivialité d’un plateau de fromage et de la générosité d’un plat de lasagnes dont elle avait le secret. Les discussions animées n’avaient de limite que dans le lever du jour, les chansons résonnaient dans la nuit, les danses, les odeurs de tabac, les saveurs… Elle n’était jamais là à moitié, elle s’accomplissait sans demi- mesure à ses gestes d’amitié, se livrait de toutes ses forces avec des mots justes et choisis mais qu’elle seule avait le don de parer d’une robe romanesque.

Elle avait une curiosité de tout, une disposition d’esprit qui la poussait dans les situations et les activités où se rencontrent l’humain (le théâtre, le cinéma, l’enseignement), où se forment et s’échangent les convictions. Irène, si présente et tellement rêveuse, si palpable et pourtant éphémère… Selon son expression de s’accrocher à l’espoir de « voir les 4 saisons une dernière fois », elle nous a donné l’expression la plus singulière de son courage, de sa volonté sans faille. Elle se réjouissait du moindre signe de rémission, le partageait dans un enthousiasme débordant alors qu’elle taisait les moments douloureux, puisant en elle les ressources lui permettant de vivre jusqu’à la dernière seconde sans jamais se plaindre, protégeant ainsi les gens qu’elle aimait de son sort. Irène, c’était l’appétit de la vie, l’humeur enjouée, le labyrinthe des émotions, l’élégance de l’esprit, la maîtrise de sa destinée, le rêve en marche, l’amour comme un don… Il y a aussi le souvenir de sa maison rose, suspendue sur une colline au dessus du Rhône qui lui permettait de rêver près des oiseaux et de s’endormir avec les lumières couchantes du Pilat, parce que la nature était son refuge apaisant.

Lorsque l’on ouvre le livre de notre vie, c’est l’héritage d’Amour qui demeure, qui permet de palier son absence et de se débarrasser des contours qui ne sont pas l’essence d’une personne. Même si son départ précoce est très injuste, maman est un personnage vivant au-delà de l’absence.

 

Tôt ou tard s’en aller

Partir ailleurs et recommencer

Sans trop s’attarder sur le passé

S’efforcer de ne pas oublier

Mais tôt ou tard laisser la clé

12:54 Publié dans La pensée | Commentaires (3)

Fatale attraction

Changer de parfum, c’est un peu changer de peau… en pleine mue personnelle j’ai donc décidé de partir en quête d’une nouvelle carte de visite odorante et c’est pleine d'espoir et d'excitation que je suis allée flairer le dernier né de Prada : L'eau Ambrée.

Si l’on évoque Prada auprès d’individus qui ne connaissent pas les parfums de la marque, le rejet est quasi immédiat. Encore une marque de fashion victime qui s’aventure sur le terrain de la parfumerie pour faire du fric à grand coup de renforts médiatiques. Alors me voilà en route pour défendre les créations olfactives de l’italien. En quelques lancements, Prada a réussi à imposer une signature commune. Tout d’abord, les créations s’articulent autour d’ingrédients fétiches, l’ambre et le patchouli (deux de mes matières premières préférées avec le vétiver), que l’on retrouve dans Prada Eau de Parfum, Prada Intense, Prada Eau Tendre et Prada Amber Pour Homme. Ensuite, elles offrent un équilibre savamment orchestré entre les vertus de la synthèse et la beauté des matières premières naturelles. Il se dégage ainsi une impression riche et sensuelle, accompagnée de vibrations modernes et sans chichi. Dépouillement, finesse et subtilité… J’ai toujours apprécié les écritures directes, lorsque le message délivré ne se perd pas en discours inutiles mais où chaque mot a un sens profond. Me vient en tête, un autre parfum que j’ai longtemps porté : Voleur de roses de L’artisan Parfumeur.

 

L'eau ambrée.jpgAmatrice d'ambre, j’ai tout de suite adhéré à cette nouvelle composition qui offre un contraste maîtrisé entre une envolée fraîche et un fond sensuel très chic et enveloppant.

Première bonne surprise, l’eau ambrée a une filiation évidente avec les deux belles Infusions qui l'ont précédée (Infusion d’iris et Infusion de fleur d’oranger, également signées par Daniela Andrier). Elle présente la même intention moderne et limpide tandis que l’accord ambré n’est pas travaillé dans son versant oriental et baroque mais bien dans la facette poudrée et saline de l’ambre gris, légèrement animale. Un ambre qui nous conte son voyage à travers les flots marins avant de s’échouer sur les rivages.

En entrée, les agrumes virevoltent et quelque chose de plus profond me chatouille déjà mes narines, comme une bergamote de thé earl grey dont l’écorce serait noyée dans un lit de fleurs délicates. S’impose également une perception ‘matière’ immédiate, comme un daim souple fraîchement brossé. Les fleurs ne sont qu’un liant entre le départ acidulé et le fond sensuel. L’impression globale est une chaleur boisée qui prend judicieusement le dessus sur la vanille, traitée sans ses excès sucrés. Enfin, comme un parfait résumé des sensations préalablement ressenties, l’opoponax dévoile ses facettes citronnées, dépourvues d’acidité, s’épanouissant par la suite dans une douceur subtile, résolument balsamique et ambrée, résineuse et terreuse comme le vétiver et légèrement cuirée.

Ce parfum se joue de moi. Parfois, j’oublie que je le porte tellement il se niche, s’agrippe à ma peau et se développe à mon insu avec grâce. Mais lorsqu’une bouffée chatouille mes narines, je ressens un apaisement, comme si ses ondulations olfactives venaient à temps régulier me rappeler que ce parfum là est le meilleur allié de ma féminité. Il me colle à la peau ou plutôt, il est une seconde peau, veloutée, subtile et envoutante qui s’impose en toute discrétion presque malgré moi.

Je partage la conclusion que d’autres aficionados ont émise avant moi : ce parfum est "une grâce dynamique, le fruit d’une méditation raffinée"… Des nuances grises de crépuscule échappées des lignes épaisses de son écrin. Un gris profond qui s'oppose à l’or étincelant de la plaque de métal où sont gravés le nom des ingrédients. Un gris chatoyant, comme une fourrure portée à même la peau. Un gris contrasté comme un corps nu fraîchement savonné qui se glisse sous la chaleur accueillante d’une couette de plumes d’oie.

Lorsque mon homme me dit « ah, ton parfum… », j’aime les points de suspension et l’expression rêveuse de ses yeux.

10:57 Publié dans Le nez | Commentaires (0) | Tags : eau ambrée, prada, parfum