17/01/2010
Apprendre à finir
Parce que la vie nous amène tous, un jour, à être confrontés à cette difficulté de « passer à autre chose », j’ai relu il y a quelques semaines ce livre de Laurent Mauvignier, avec l’espoir de trouver un horizon à travers son titre prometteur et 'éducatif' même si je savais qu'il nous emmène sur un autre chemin, celui du renoncement, parce qu’aucune règle, aucune leçon, ne prépare à cette issue fatale. « On ne sait pas ce que ça a de force, tout ce qui fait mal »
Le roman de Laurent Mauvignier est entièrement constitué par le monologue intérieur d'une femme, dont le mari rentre de l'hôpital après un grave accident. II va être immobilisé au foyer et sa femme va prendre soin de lui de manière inconditionnelle. Son dévouement et sa douceur sont censés prouver la force de son amour mais ils vont surtout lui permettent de masquer la perspective de sa souffrance à venir. En effet, l’accompagnement à la convalescence ne constituera pas un répit mais un révélateur du processus de désagrégation du couple, annoncé avant l'accident par l’infidélité du mari. “ On ne sait pas avec qui on vit ”.
Ce serait le vide sans lui... alors, elle préfère taire sa douleur, étouffer son humiliation, oublier le dégoût. Quand l'espoir n'est plus, on pourrait croire que ne subsistent que la rancœur et la haine. Mais non, au-delà de la souffrance, elle reste avec l’amour de et pour cet homme. Ce respect pour cet indicible, ce qui la dépasse et qui lui échappe. Quelque chose qui a été et n’est plus mais qui restera. « J'avais cette boulimie qu'on a, à vouloir tout donner parce qu'on se dit ce ne sera jamais assez à côté de ce qu'on a reçu ».
Ce livre est celui d’une femme digne et amoureuse, fragile et rageuse. L’auteur nous embarque dans le souffle de ses peines grâce à une écriture fleuve, ponctuée, rythmée…, où les mots les plus simples deviennent chair et empruntent aux entrailles leur profondeur.
Ce livre restitue toute la schizophrénie qu'implique la douleur de toute rupture, quand on veut encore ce que l'autre ne peut ou ne veut plus. Essayer de vivre avec ce déchirement mais vouloir encore et toujours comprendre, énoncer les responsabilités, colorer d’un peu de raison le tableau noir des sentiments perdus, s'expliquer et expliquer... parce que ne pas savoir, c’est comme perdre l’usage de la parole et ne plus parler, c'est devenir fou. C'est l'esprit qui hurle alors on habille sa douleur de mots qui ne font que la ressasser. La séparation est une autre forme de deuil, à la fois plus douce puisque l'être aimé est vivant mais parfois plus cruelle puisqu’il est encore là… et dont on se libère (parfois) avec le temps.
“ Comme s'il regardait ça sans y être. Qu'il voyait tout ça de loin parce que pour lui c'était fini et que ça ne l'intéressait pas, ou plus, ou vaguement, de loin, en retrait, presque avec étonnement des fois, alors que j'aurais tout donné, tout fait, tout vendu, tout dit, tout, pour qu'un moment je puisse comprendre un petit peu, presque rien, juste pour avoir dans la main des miettes de ce qu'il ne disait pas, pour l'aider, pour qu'il ne soit pas seul à ressasser tout ça, à chercher à savoir pourquoi ou comment on en est arrivé là, à essayer de continuer quand même...”
16:00 Publié dans Les yeux | Commentaires (0) | Tags : laurent mauvignier
En jonque sur les méandres du Mékong
Voici un extrait d'un travail réalisé pour le compte d'une marque de parfum avec un grand C...
Tout au long du fleuve, la vie s’écoule au rythme de l’eau. Le Mékong est une légende, un univers où l’eau se fait le moteur de la vie… la vie qui émerge de toute part : le long du fleuve, sur le fleuve et par le fleuve. Depuis la barque glissant sur l’onde parfois tumultueuse, le spectacle de la nature et de ces habitants qui ont su résister aux vicissitudes de l’histoire enchante le regard et force le respect. La vie du fleuve s’exprime dans tous ces hommes et ces femmes qui vivent sur ses berges, ces enfants rieurs qui s’élancent dans l’eau et les pêcheurs qui mettent en place leurs filets afin de les remplir des richesses de ces flots poissonneux.
« Des odeurs de caramel arrivent dans la chambre, celles des cacahuètes grillées, des soupes chinoises, des viandes rôties, des herbes, du jasmin, de la poussière, de l’encens, du feu de charbon, le feu se transporte ici dans des paniers, il se vend dans les rues, l’odeur de la ville est celle des villages, de la brousse, de la forêt. »
L’AMANT, Marguerite DURAS
Matières à parfum :
LE LOTUS : En Orient, la fleur de Lotus est considérée comme un symbole d’épanouissement spirituel. Elles sont nombreuses à être représentées sur les statues du bouddha assis aucune plante aquatique ne suscite autant l'admiration des Vietnamiens que le lotus. Il représente la beauté, la paix et la pureté. Cette fleur survit dans des conditions que beaucoup d’autres fleurs ne supportent pas. La nuit, elle se referme et sombre sous la surface de l’eau, à l’aube elle sort et s’ouvre à nouveau.
LE RIZ : Grenier à riz du Vietnam, le delta du Mékong nourrit non seulement ses habitants, mais il produit assez de riz pour le pays tout entier et même un surplus destiné à l’exportation. Symbole de l’abondance, de la richesse et de la pureté première, mais aussi nourriture spirituelle, comme le pain chez nous, le riz est respecté comme nul autre aliment. Dans le triangle d’or, la brume de fin d’après-midi recouvre progressivement les paysages de rizières, donnant à ces lieux quelque chose d’irréel.
Fleuve eau-dorant :
Une goutte de parfum qui évoque la partie la plus sauvage et luxuriante du Mékong, le triangle d’or, où l’eau ruisselle sur une végétation abondante et variée. Les notes vertes et aquatiques de l’eau de coco se perdent dans les rizières qui habillent le flanc des montagnes. Le pavot parsème ses notes épicées sur un mariage de boutons de rose et de lotus. Continuant sa course, le Mékong entraîne dans ses eaux les notes boisées des forêts alentours. L’ambre et la fève tonka témoignent des ombres enveloppantes que les feuillages dessinent de part et d’autre des rives.
10:37 Publié dans Le nez | Commentaires (0)
14/01/2010
Ô les Coeurs !
12:59 Publié dans Essentiel | Commentaires (0)